Présentation

Le chamois et l'isard ont de tout temps fasciné l'homme. Ils sont, avec le bouquetin, les mammifères les plus célèbres des hautes terres. Leur domaine de prédilection : les forêts d'altitude, les alpages tout comme les rochers et les falaises à pic.

Leur remarquable adaptation aux milieux extrêmes, leur vivacité et leur grâce ont exercé sur les êtres humains un attrait irrésistible, fait d'admiration. Comment en effet ne pas être subjugué par ces sublimes créatures, capables de remonter au galop, les pentes les plus abruptes et de parcourir d'une seule traite et en peu de temps une distance qui demanderait des heures d'efforts à l'homme le mieux entraîné ? Sans parler de leur maestria légendaire dans les falaises et les rochers. Voir vivre le chamois et l'isard en pleine liberté est passionnant et cela toute l'année. Cependant, la meilleure époque est l'automne et le début de l'hiver. Les animaux sont alors superbes dans leur pelage qui se découpe sur la neige. C'est aussi la période du rut pendant lequel les boucs font preuve d'une très grande et spectaculaire activité.

Quelle que soit la saison, il faut partir très tôt, avant l'aube de préférence, afin d'être au plus tard sur place au soleil levant. Il faut essayer de repérer les hardes au préalable, la veille par exemple. Dans les parcs et réserves bien peuplés où les animaux sont moins farouches, on peut les observer directement à partir des sentiers. Sur le terrain, lors des déplacements, des indices de présence, comme les laissées et les traces, peuvent faciliter la découverte. Approcher les chamois et isards sans les déranger et sans les faire fuir conditionne toute observation de qualité. La saison joue aussi un rôle. A la fin de l'hiver, quand les animaux sont fatigués, amaigris, affamés, l'approche est parfois plus facile.

Le chamois et l'isard sont devenus au fil du temps les symboles de la montagne. On ne conçoit plus aujourd'hui la montagne sans eux. Et rares sont les massifs qui ne les abritent pas. On compte en France 60 000 chamois dont 40 000 dans les Alpes et 15 000 isards dans les Pyrénées.

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Portrait

Vêtus d'un habit de saison toujours adapté au climat, le chamois et l'isard portent beau. Leur corps est svelte, admirablement charpenté, équilibré par une tête racée, couronnée de deux fins étuis gracieusement recourbés en forme de crochet. Quant aux sabots, ils semblent avoir été conçus exprès pour l'escalade.

Le chamois et l'isard ont une taille sensiblement différente. La longueur du chamois des Alpes adulte varie de 1.20 m à 1.40 m, cela pour une hauteur au garrot, prise du sabot jusqu'au-dessus de l'épaule de 80 à 85 cm. Pour la grande femelle chamois, il faut enlever 10 cm. Chez l'isard des Pyrénées, les mensurations nettement inférieures, vont pour un mâle adulte de 1 m à 1,10 m. Le poids de l'adulte est très variable. Ainsi le chamois mâle adulte des Alpes en bonne santé durant la belle saison peut se situer entre 35 et 50 kg. La femelle chamois, plus légère, pèse entre 25 et 38 kg environ. Chez l'isard, nettement moins lourd, le mâle pèse de 25 à 40 kg et la femelle de 20 à 32 kg. Chamois et isards accusent un poids maximum en automne, grâce alors aux réserves accumulées pendant les saisons estivales. Puis le rut peut faire perdre aux mâles beaucoup de leur poids, sans compter les privations hivernales qui font maigrir les animaux. En hiver, leur poids peut diminuer de moitié.

Les cornes des chamois contribuent à ajouter à la beauté sauvage de cet animal en affinant encore une silhouette déjà si gracieuse et déliée. Les cornes des chamois mâles sont plus épaisses que celles des femelles. Les crochets sont en général plus recourbés et plus fermés que ceux de la femelle. Les cornes de l'isard sont typiques. Bien plus petite et plus minces que celles du chamois. Les anneaux d'âge, comme leur nom l'indique, permettent de connaître l'âge des animaux. Ce sont de fins sillons qui font le tour des étuis et se forment chaque hiver. Les cornes peuvent atteindre une hauteur de 18 cm pour une longueur de 30 cm.
L'usure des cornes est plus ou moins prononcée. C'est en se frottant aux rochers que certains chamois usent leurs cornes. Les cornes sont utiles aux mâles au moment du rut lorsqu'ils affrontent leurs rivaux. Ce sont des armes redoutables dont les crochets peuvent déchirer la peau du ventre ou des pattes.

La couleur du pelage des chamois varie avec l'âge, le sexe, l'habitat et les saisons. Le nouveau-né présente un pelage uniforme et grisâtre. A l'âge d'un mois et demi, sa livrée a les couleurs de celle de sa mère. En août et septembre, les chevreaux arborent parfois une toison plus sombre que les adultes. C'est de juin à août que le chamois porte sa belle livrée fauve d'été, parfois rougeâtre, qui tranche tant avec le vert éclatant des alpages. Le pelage des femelles est en général plus sombre que celui des mâles. Le pelage porté par l'isard en été est d'une teinte rouge brique, donc plus rouge que celui du chamois. En hiver par contre, le pelage de l'isard est coloré et ne noircit pas uniformément. Très visible aussi, la fameuse écharpe hivernale. Elle est formée par les deux bandes sombres qui tombent de part et d'autre d'un cou beige clair. Les mues se caractérisent par la perte des anciens poils et la repousse des nouveaux. Contrairement à la seule mue annuelle du bouquetin, chamois et isards changent deux fois de livrée dans l'année. Chez eux à chacune des mues, les trois sortes de poils du pelage sont entièrement et progressivement renouvelées. On ne peut qu'admirer les transformations du pelage des chamois et des isards. Les mues sont adaptées aux saisons en ne laissent jamais les animaux à découverts. La nature même des poils (remplis d'air isolant pour les jarres, leur forme (le duvet est frisé), mais aussi leur longueur et leur couleur (le noir absorbe la chaleur solaire), contribuent à assurer une protection optimale. Chez le chamois, la mue de printemps débute dès la fin du mois de mars et le pelage sombre commence à s'éclaircir. Début mai, les poils grisonnent et tombent. C'est la pleine mue pendant laquelle les poils se détachent par touffes, parfois par plaques entières.

La vue du chamois et de l'isard est excellente et dépasse celle des humains. Sans atteindre cependant l'acuité de la vision de l'aigle ou de la marmotte. Leur vue est très sensible aux mouvements que les animaux décèlent à des grandes distances et avec une incroyable rapidité. Ils remarquent vite et loin la silhouette verticale de l'homme. Ils voient aussi parfaitement dans la pénombre matinale ou crépusculaire. L'animal se fige instantanément et fixe l'endroit en question pendant de longues secondes. Il cherche à identifier l'intrus et à évaluer le danger potentiel.

L'ouïe est très développée. Les animaux réagissent immédiatement à tout bruit insolite susceptible d'annoncer un danger. L'ouïe est aussi très sélective. Ne les alertent pas outre mesure les chutes de pierres, le déplacement ou l'arrivée d'un congénère et même les activités des hommes, pastorales ou forestières, auxquelles ils sont habitués. Ils sont très sensibles aux sons métalliques, comme ceux d'un trépied métallique cognant contre le rocher.

L'odorat est sans doute le sens le plus affiné chez les chamois et isards. Les fosses nasales, pourvues d'innombrables papilles sensorielles, leur permettent de filtrer l'air et chaque souffle de vent. Les animaux sont particulièrement sensibles à l'odeur humaine qu'ils perçoivent par vent très favorable jusqu'à plus de 500 mètres de distance. Grâce à cette analyse constante de l'air ambiant, ces ongulés détectent à l'avance la venue d'un congénère ou de tout autre mammifère. non encore visible mais dont ils ont reconnu les effluves.

La voix. Le chuintement ou sifflement du chamois et de l'isard est bien connu. Il est émis par les animaux des deux sexes. Mais ils peuvent aussi siffler quand ils sont seuls pour d'autres raisons qui n'ont rien à voir avec leur sécurité. Bouche fermée, l'air est brusquement expiré par les nasaux que l'animal rétrécit sciemment dans le but de produire ce bruyant et sonore sifflement qui dure une à deux secondes. Il ressemble à un « pchi-i-i-e-e- » dont les variantes sont nombreuses. Le bêlement est l'émanation sonore des chevreaux et de leur mère. Le chevrotement est caractéristique des mâles en rut.

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Habitat

Les chamois font preuve d'une adaptation remarquable à leur milieu. Les dernières grandes glaciations les ont refoulés dans les plaines où ils ont survécu. Les réchauffements des périodes interglaciaires leur ont permis de reconquérir à chaque fois leur habitat d'origine, celui des montagnes où ils sont parfaitement à l'aise. Le secret : une utilisation optimale de l'espace vital. Ils savent choisir au mieux les tranches altitudinales, le relief, la meilleure exposition des versants, utiliser le couvert forestier et tirer profit des ressources alimentaires disponibles.

Chamois et isards ont longtemps été considérés comme des inconditionnels des hautes terres. On les imaginait volontiers posant sur les sommets ou évoluant dans les falaises escarpées. En réalité, s'ils n'étaient pas dérangés par l'homme et ses activités, ils occuperaient presque tous les étages de la montagne. Les rigueurs climatiques de leur habitat semblent bien supportées par les chamois au sein de toute leur aire de répartition. Le couvert forestier est déterminant. On ne connaît pas d'habitats à chamois qui soient entièrement dépourvus de forêts. Riches en arbres, arbustes et arbrisseaux, elles leur offrent gîte, couvert et protection. Pour toute ces raisons, la presque totalité des chamois et des isards, y compris ceux qui séjournent au-dessus des forêts, se retrouve dans les zones d'hivernage situées en partie dans les bois ou à proximité. Il y va de leur survie.

En hiver, les animaux sont obligés de se rabattre sur les rares espaces dégagés de neige qui leur permettent de subsister. Ce sont les zones d'hivernage. Les déplacements migratoires sont effectués par certains chamois et isards qui changent de domaine selon les saisons. En hiver, ces migrations sont imposées par l'enneigement qui laisse peu de choix aux animaux.

Le territoire représente une toute petite partie de l'espace vital des chamois mâles. Ils le défendent parfois âprement contre tous les congénères de même sexe. Le territoire est occupé surtout au printemps et pendant le rut, et les boucs en marquent les limites avec leurs glandes rétrocornales.

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Alimentation

Se nourrir semble l'occupation principale des chamois et des isards. Ils y consacrent la moitié de la journée et une partie de la nuit.

  • Nourriture hivernale. A la fin de l'automne et surtout en hiver, la priorité est plus que jamais donné à la recherche de la nourriture. Les animaux broutent très tôt, et toute la matinée, de 6 h à midi. En milieu de journée, ils ruminent et se reposent quelques heures pour recommencer.
  • Nourriture printanière. Le chamois descend dans le bas des vallées, attiré par les pousses nouvelles, fleurs ou graminées que la neige fondante découvre.
  • Nourriture estivale. En été, ces ongulés mangent dès l'aube et se reposent en ruminant dans la matinée. Vers midi, ils broutent à nouveau pour ruminer dans l'après-midi. Ses herbes préférées sont le trèfle des Alpes, le choux de Richer, les plantains et les pâturins.

L'eau est aussi un élément nécessaire aux chamois et isards. Comme les bouquetins, ils trouvent la plus grande partie de l'eau nécessaire à leur organisme dans les plantes dont ils se nourrissent et dans la rosée qui les recouvre. On peut attribuer en partie la sobriété de ces ruminants à leur comportement. Ils cherchent toujours à réduire les déperditions hydriques. D'instinct, ils répugnent à s'exposer aux fortes chaleurs estivales.

Le sel est un autre élément nutritif pour ces ruminants, et d'une grande nécessité physiologique. Il est léché avec avidité des minutes durant dans les salines ou liches naturelles. les chamois ne dédaignent pas les pains ou pierres de sel déposé par les bergers pour leur moutons. L'abroutissement. Il consiste pour ces ongulés à prélever en forêt les feuilles, bourgeons, extrémités de rameaux et autres pousses. Il va de soi que ces dégâts sont plus importants lorsque l'arbre est à croissance rapide. Parmi les feuillus et les conifères les plus touchés : l'érable sycomore, le sorbier des oiseleurs, l'épicéa et surtout le sapin pectiné.

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Reproduction

Chamois et isards, mâles et femelles, sont capables physiologiquement d'atteindre leur maturité sexuelle dans leur deuxième année de vie, et plus précisément aux environs de l'âge de 18 mois au cours du rut. Cependant, ces éterlous et éterles sont brimés socialement et leur sexualité ne peut s'exprimer à cet âge. En effet, les mâles dominants, par leur jalousie, les écartent de toute participation active au rut. Les mâles en rut sont dans un tel état de surexcitation et de jalousie qu'ils foncent à cette époque sans discernement sur toute forme sombre qui pourrait être un rival potentiel.

La gestation dure environ 160 à 175 jours, soit 23 à 25 semaines, c'est-à-dire presque 6 mois. Les femelles chamois mettent en général bas entre le 15 mai et le 15 juin. Les chamois nouveau-nés sont d'adorables petites boules de laine, d'une taille de 50 cm et d'une hauteur de 35 cm au garrot. Le chevreau tète sa mère avec avidité et même avec une certaine violence plusieurs fois par jour. Très vite, il adopte la position favorite qui consiste à solliciter sa mère par le côté en fléchissant les jambes. Le lait extrêmement nourrissant, permet au nouveau-né de prendre une centaine de grammes par jour. A l'âge de 2 mois, il pèse entre 9 et 10 kg et a déjà brouté l'herbe depuis un mois. Les mères sont extrêmement méfiantes durant les premiers mois qui suivent les naissances. Au sein des hardes, elles maintiennent une grande distance de fuite. Le petit est moins farouche. Il peut même s'approcher de l'homme qu'il ne connaît pas encore. Les chevreaux forment la classe d'âge la plus sensible et la plus exposée d'une population de chamois et d'isards. On estime, selon les années et les biotopes occupés, que seulement 50 à 70% de chevreaux passent le cap de la première année de vie. Lors de certaines années particulièrement difficiles, ce taux de survie peut être inférieur.

Cependant, grâce à des hivers peu rigoureux suivis de printemps précoces, le cabri a ainsi davantage de temps pour accumuler des réserves en vue de l'hiver, donc pour grossir, grandir et augmenter ainsi ses chances de survie. Lorsque naît le cabri, les conditions climatiques influent encore. La contrainte pour les femelles de mettre bas pendant une période froide, pluvieuses et parfois neigeuse en altitude, entraîne une mortalité importante.

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Comportement

Chamois et isards sont des animaux grégaires. Sans former de grands troupeaux, comme le font certains mammifères africains, ces ongulés vivent en hardes dont la taille, au fil des saisons, varie de quelques individus à plus d'une centaine. C'est aussi la nature du milieu occupé - forêts ou prairies d'altitude - qui détermine l'importance des groupements. Ainsi on ne rencontre jamais de grandes hardes en forêt.

Le manque d'espace et la visibilité limitée pour des individus sociables qui aiment communiquer entre eux par de nombreuses attitudes ne favorisent pas de grandes concentrations, même si le couvert, en les dissimulant, leur assure une plus grande protection. Les plus grands regroupements s'observent au moment du rut et au printemps et également en hiver lorsque la nourriture disponible n'est plus accessible que sur la surface restreinte de la zone d'hivernage.

Méfiance et curiosité. Ces deux traits de caractère reflètent aussi la personnalité de ces ongulés. leur fort méfiance conditionne leur vie. là où ils sont chassés, chamois et isards sont toujours sur le qui-vive et se laissent difficilement approcher. Leurs sens continuellement en éveil, ils surveillent les sentiers d'accès à leur domaine. Protégés au sein des parcs et réserves, ils se montent nettement moins farouche et l'on peut , moyennant certaines précautions, les approcher d'assez près.

A l'époque du rut, ce n'est pas la curiosité mais l'état d'excitation extrême dans lequel ils se trouvent qui pousse les mâles à prendre les observateurs vêtus de sombre pour des rivaux et à leur foncer dessus au galop, quitte à s'arrêter dans un nuage de poudreuse, soudain dégrisés quand ils réalisent leur méprise ! Vagabondage et erratisme. Ces déplacements sont le lot de certains animaux, pour la plupart des mâles, qui semblent s'être perdus ou qui organisent des expéditions et des voyages au long cours. Vite repérés, ils sont parfois abattus par des braconniers.

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